Si les images puisent dans l'imaginaire commun du littoral (ici le bord de la Baltique dans le sud côtier de la Suède), l’ambition, pour chaque poème, est de sortir de la description classique en introduisant un léger décalage, une fine surprise, une échappée belle. Loin de la poésie d’avant-garde qui va jusqu'à déconstruire la phrase, ces poèmes classiques dans leur forme deviennent contemporains lorsqu'ils déjouent les attendus pour mieux raconter l'époque.
Près du rivage
la mer se gonfle d’orgueil
massif pointu qui avance
comme un cortège de vérité.
Puis l’eau plie
la barrière s’écroule
la mer se fripe, se ride et s’enroule.
Explose
en une mousse blanche qui duplique les nuages.
La mer rampe
comme des milliers d’insectes,
lutte contre le large
qui bat le rappel,
s’épanche un instant
devant des bans d’algues noires
semblables aux cheveux de noyés disparus.
En ce point de conflit perpétuel
où deux forces s’affrontent
naît un mouvement immobile
le même qu’il y a deux cents ans.
Et la répétition charrie les siècles passés.
L’espace s’ouvre et se ferme.
La mer repart, respire,
elle dialogue avec le vent
et envoie un signal à l’autre vie.
Son psaume n’a ni début ni fin
la rumeur s’éloigne
retour aux origines
retour sans adresse.
• Artiste : Sophie Jouve, 28 peintures
• Format 21 x 21 cm
• 96 pages
• Parution mars 2025
• ISBN 978-2-35128-226-7
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