Écrit depuis le bord, ce "Carnet" fraye une expérience qui touche du doigt l’espace d’un non-lieu n’existant que par le mot qui le nomme. Si les images puisent dans l'imaginaire du littoral, chaque poème sort de la description classique grâce à une fine surprise, une échappée belle, un léger débord, déjouant les attendus pour mieux raconter l'époque.
Le sujet du "Carnet" se tient au bord, où se murmurent les mots, de joies et de pleurs, de nuits et de lueurs, dans la grâce du jour et le chaud désir d’un style. Il chante, il tonne, il rit, il emporte et il court, il trace dans l’ombre marine l’éclair du firmament.
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Près du rivage
la mer se gonfle d’orgueil
massif pointu qui avance
comme un cortège de vérité.
Puis l’eau plie
la barrière s’écroule
la mer se fripe, se ride et s’enroule.
Explose
en une mousse blanche qui duplique les nuages.
La mer rampe
comme des milliers d’insectes,
lutte contre le large
qui bat le rappel,
s’épanche un instant
devant des bans d’algues noires
semblables aux cheveux de noyés disparus.
En ce point de conflit perpétuel
où deux forces s’affrontent
naît un mouvement immobile
le même qu’il y a deux cents ans.
Et la répétition charrie les siècles passés.
L’espace s’ouvre et se ferme.
La mer repart, respire,
elle dialogue avec le vent
et envoie un signal à l’autre vie.
Son psaume n’a ni début ni fin
la rumeur s’éloigne
retour aux origines
retour sans adresse.
• Artiste : Sophie Jouve, 28 peintures
• Format 21 x 21 cm
• 96 pages
• Parution mars 2025
• ISBN 978-2-35128-226-7
26.00 €