Lettres sur les animaux

Prétendre que les animaux sont doués de sensibilité, intelligence et mémoire est toujours un acte risqué au XVIIIe siècle. Aussi Georges Leroy, chasseur et philosophe, publiera-t-il ses "Lettres sur les animaux" en 1768 sous un pseudonyme.

« Soit un jeu de traces, écrit Baptiste Morizot, une piste dans le sol argileux d’une rivière. De visible, certes, il n’y a pas grand-chose : seulement des empreintes de Canis lupus dans la boue. Mais avec d’autres yeux, il s’agit de recomposer une trajectoire, d’extrapoler un parcours, une allure, un faisceau d’intentions qui disent une manière d’habiter un lieu. L’émotion revient à ce qu’on voit par ses yeux ; on est obligé, pour suivre sa piste, de se déplacer dans son crâne pour comprendre ses intentions, de marcher avec ses pattes pour comprendre son déplacement. […] Ce pistage philosophique a été décrit par le lieutenant des chasses royales Georges Le Roy, proche des encyclopédistes Diderot et d’Alembert, dans ses "Lettres sur les animaux". »

On lira ici les trois lettres initiales, la première sur la manière d’étudier les animaux, la deuxième sur le loup et le renard, et la troisième sur le cerf, le daim, le chevreuil, le lièvre et le lapin. 

« J’ai vécu pendant longtemps avec les bêtes, observe Georges Leroy, j’en ai suivi plusieurs espèces avec beaucoup d’attention, et j’ai vu que la morale des loups pouvait éclairer sur celle des hommes. »