Avec Yu Jian nous découvrons un petit bourg perdu au nord de l’Amérique, nous le découvrons avec le regard d’un poète chinois contemporain. Dans ce pays si loin de chez lui, il est un observateur tous sens en éveil et, au beau milieu des mille détails de la vie quotidienne, il remarque “parfois un immortel (qui) fait son apparition dans un supermarché”. Petite ville où il ne se passe pas grand chose assurément, mais ses yeux amusés peuvent y observer que “la classe ouvrière conduit une tondeuse à gazon comme un char d’assaut” ou bien cette Américaine dont “la poitrine généreuse déborde du lit du fleuve”. Il lui arrive aussi de s’apercevoir qu’“au gibet d’un poteau de basket / un professeur-démon a été pendu sous la forme d’un filet” et que “de vieilles maisons attendent d’être vendues”.
Un jour il fait la rencontre d’Emily que William Faulkner n’a pas eu le temps de nous présenter dans ses romans. Cependant les souvenirs ne le quittent pas, certaines scènes de sa vie en Chine s’entremêlent avec la réalité dans ce coin du Vermont. Des mots de sa grand-mère lui reviennent en mémoire : “des navets blancs en hiver tu mangeras / et du gingembre au printemps”, et lui, le poète déraciné, toujours accompagné de corbeaux, finit par s’exclamer en cet endroit reculé : “Ô petit bourg / où caches-tu donc ton Satan ”.
• ISBN : 978-2-35128-110-9
• édition bilingue français / chinois
• traduit du chinois par Fu Jie avec Claude Mouchard
• Dix-neuf gravures sur bois d’Estelle Servier Crouzat
• format : 21 x 30 cm
• pages : 70
• parution : octobre 2015
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