Défi lancé à la crise moderne du lyrisme, Muriel Stuckel interroge le mythe d’Orphée qui, de Virgile à Rilke notamment, entrelace l’amour, la mort, l’art, pour fonder le lyrisme universel. Aspirant à le renouveler sur le mode audacieux de l’inversion, elle choisit de conférer la parole poétique à Eurydice, l’éternelle silencieuse de notre littérature. Entre la sonate de l’abîme et le chant ébloui du monde sensible, la voix de la nymphe chemine avec ardeur, refusant les ténèbres, le silence, la mort. Accédant à la splendeur de l’interstice qui sépare l’ombre de la lumière, elle se risque peu à peu à reconsteller la lyre d’Orphée. Avec l’élan du savoir ultime, elle implore le poète de ne pas se retourner, seule condition pour elle de s’arracher à son destin d’ombre muette. Et si Eurydice, tout autant qu’Orphée, était la Poésie désormais reconquise, vitale en ces "temps de détresse" ?
Entre nos pas précautionneux La splendeur de l’interstice - De toi à moi La suspension vitale du regard - Orphée ne te retourne pas Aime-moi sans impatience - De l’abîme je veux m’élever Orphée ne me regarde pas - Laisse-moi le risque de la poésie - Le seuil n’est pas plus pur Que l’ombre de mon éclat
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• Yves Bonnefoy :
"Chère Muriel Stuckel,
Je vous remercie vivement de m’avoir donné votre "Eurydice désormais", un livre qui montre que l’écriture poétique en sa spontanéité peut collaborer à l’approfondissement de l’interprétation de la parole mythologique : et rien n’est plus important, en effet, que d’apprécier la place d’Eurydice dans l’économie de ce mythe, ou de cette légende, sur laquelle jette son ombre le préjugé masculin. Soyez remerciée de cette recherche. De ce beau livre, de surcroît remarquablement illustré.
Mon plus amical souvenir."
(Lettre du 28 mars 2011, citée avec l’autorisation écrite d’Y.B. du 23 août 2013)
• Patrick Werly : "Dans ce premier livre de poésie, Muriel Stuckel donne la parole à Eurydice. Ce qui frappe d’abord à la lecture est que la voix de la nymphe a quelque chose d’effacé, de nu, de rare ou de fantomatique : elle émerge à peine. Ces poèmes ne laissent pas la voix prendre du volume, ils semblent araser son relief. Mais au fil des pages, il apparaît que ce travail d’amenuisement ou d’amuïssement n’a pas pour fin un silence minimaliste. Si les poèmes cherchent à s’approcher du silence, c’est parce que, guidés par un espoir, ils créent ainsi les conditions pour qu’une parole renaisse et s’élève. Et avec elle naît assez rapidement un sujet, qui donne corps et consistance à l’ombre qu’est d’ordinaire Eurydice." (revue Europe n° 991-992 / novembre-décembre 2011)
• Une note de lecture de David Schnee dans la revue en ligne "Recours au Poème" : http://www.recoursaupoeme.fr/critiques/eurydice-désormais-de-muriel-stuckel/david-schnee
• Un article de Julie Dekens : "Eurydice désormais ou l’oublieuse mémoire du mythe d’ Orphée" http://www.phil.uzh.ch/elearning/blog/ibidem/files/ibid_2013_04.pdf Ibidem April 2013 (Nr. 24) (PDF, 356 KB) - Universität Zürich
• Une étude de Julie Dekens : "Rester aux Enfers : le bonheur paradoxal d’Eurydice", dont la dernière partie intitulée Avenir(s) d’Eurydice est consacrée au livre de Muriel Stuckel. http://trans.revues.org/910
• Un article d’Isabelle Raviolo sur le site "Terres de femmes" : http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2014/09/muriel-stuckel-la-poétique-des-failles-chez-muriel-stuckel-par-isabelle-raviolo.html
• Le livre de l’auteure est cité plusieurs fois dans la "Position de thèse" de Julie Dekens disponible en ligne : http://www.paris-sorbonne.fr/IMG/pdf/Position_de_these-59.pdf
Descriptif :
• ISBN : 978-2-35128-067-6
• format : 16 x 24 cm
• pages : 136
• illustrations : 22 œuvres de Pierre-Marie Brisson
• préface : Hédi Kaddour
• PARUTION : mars 2011
20.00 €