L’écriture, contrairement à ce qu’on croit, ne nomme pas - ou bien le fait très accessoirement. Elle assume l’absence et la tourne - la renverse... Quelqu’un est là sans être là, qui ne doit pas sa proximité à l’évocation, qui la doit toute à l’épaississement méticuleux de la trace qu’il a laissée. La Terre d’ombre de J.G. Cosculluela suggère tout cela dans l’infinie discrétion d’une parole chuchotée, qui toujours nuance, reprend, raréfie, affine, perfectionne, intensifie. L’élégie désaffublée du pathétique arrive enfin à cette nudité de langue, qui abolit la vieille confusion entre le sentiment et l’acte de poésie.
(extrait de la préface de Bernard Noël)
